Le secret des coureurs des hauts plateaux africains

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La Kényane Vivian Jepkemoi Cheruiyot après sa victoire dans le 10.000 m aux Mondiaux d'athlétisme à Daegu, le 27 août 2011
La Kényane Vivian Jepkemoi Cheruiyot après sa victoire dans le 10.000 m aux Mondiaux d'athlétisme à Daegu, le 27 août 2011
La Kényane Vivian Jepkemoi Cheruiyot après sa victoire aux 10.000 m aux Mondiaux de Daegu en 2011

Un article paru dans le Monde du 25 mars 2014 est intitulé « Les coureurs kényans possèdent-ils un avantage physiologique ? » D’anciennes et de récentes études concluent toutes que la réponse est non … Les chercheurs n’ont pas (encore ?) trouvé dans leur physiologie ce qui expliquerait pourquoi les marathoniens africains sont devenus les meilleurs… Leur secret résiderait plutot dans leur capacité à mieux courir en variant les allures à l’entrainement et en course !

[… Les études en physiologie se succèdent, mais ne parviennent pas à expliquer la domination des coureurs des hauts plateaux africains sur les longues distances. La dernière en date, conclut qu’ils « ne possèdent pas un système pulmonaire qui leur conférerait un avantage physiologique ».

Les Kényans s’époumonent aussi

L’article, tout juste publié par le journal Medicine & Science in Sports & Exercise et intitulé « Mécanique pulmonaire et échange gazeux pendant l’exercice chez des coureurs de fond kényans », rappelle que de précédentes recherches portant sur d’autres variables associés à la performance n’avaient pas mis en évidence des différences significatives entre coureurs d’élite. La comparaison des données quantifiant la consommation maximale d’oxygène, la masse totale d’hémoglobine, la composition et la taille des fibres musculaires ou des capillaires sanguins n’avaient pas permis de distinguer les coureurs des hauts plateaux africains de coureurs scandinaves, notamment.

Les auteurs canadiens ont cherché à confirmer l’hypothèse que l’environnement d’un air raréfié en altitude combiné avec un entraînement physique très soutenu aurait réduit ou éliminé les limitations du fonctionnent du système pulmonaire que l’on retrouve normalement chez la population kényane et nord-américaine. Il n’en est rien. Les sujets étudiés (14 coureurs élites du 800 m au marathon), tous nés à plus de 2000 m d’altitude et d’origine Kalenjin à une exception près, bien qu’ils aient effectués 2 à 10 km à pied pour se rendre à l’école, malgré les 50 à 180 km de course hebdomadaire, ne se distinguent pas par les mesures de leur fonction ventilatoire.

La meilleure façon de courir

Selon les auteurs, c’est la première fois que la fonction pulmonaire est étudiée chez des coureurs kényans. Or, d’après le Dr Véronique Billat, auteur de Physiologie et méthodologie de l’entrainement (2012, 3ème édition) et ancien entraîneur de la médaillée olympique Isabella Ochichi‎, « bien que des controverses existent, le système pulmonaire n’est généralement pas considéré comme un facteur limitatif de la consommation maximale d’oxygène et de l’aptitude à la soutenir longtemps ». Ce qui explique peut-être que parmi les innombrables publications scientifiques sur la physiologie de la course, les muscles, et surtout le cœur soient plus étudié que les poumons. En effet, « le débit cardiaque est le principal facteur de la consommation maximale d’oxygène ». Pour la physiologiste, c’est la vitesse minimale de course sollicitant la plus grande consommation d’oxygène qui prédit le mieux les performances sur 10 km, d’après son étude de 2002 sur 20 athlètes kényans.

L’article canadien indique que les allures d’entraînement varient selon les sujets de l’étude. Et varie aussi dans la préparation de chaque sujet, d’après les observations de Véronique Billat : «La meilleure façon de courir n’est pas la vitesse constante. C’est de se faire confiance, d’être à l’écoute de ses perceptions pour trouver son allure. » … Et les Kényans sont passés maîtres dans les courses en accordéon… « Le corps n’a pas de capteurs de vitesse, mais d’accélération, il faut donc développer sa sensibilité à l’effort et découvrir sa propre signature énergétique ». D’où l’intérêt de varier les allures durant l’entraînement et même les compétitions, pour mieux solliciter la consommation d’oxygène pendant les accélérations, et refaire ses stocks d’énergie pendant les décélérations … ]

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Marcelle
Marcelle
9 années plus tôt

J’ai lu attentivement …!!! je constate que notre groupe : Fabienne, Claude, Pierre, Georges, Catherine…pratique la course en accordéon depuis toujours et nous n’avons pas attendu les kényans…. vive l’amicourse.

Géair
Géair
9 années plus tôt

Il est par ailleurs démontré que courir en accordéon donne une grosse caisse….. et ça c’est pas du pipeau !

MATRINGE Jean-Michel
MATRINGE Jean-Michel
9 années plus tôt

Dans une autre vie j’étais Kenyan et je faisais du piano.. C’est pour celà que je n’ai jamais rien gagné.
J’aurais du faire comme jean-Pascal justement : pipeau. 😉
J-Mimi.

Catherine
Catherine
9 années plus tôt

Tu as raison Marcelle, moi j’aime danser, surtout au son de l’accordéon !!!! Quant à la course à pied, on nous l’a toujours dit (surtout mon Jean-Claude à la maison) : VARIONS NOS VITESSES !!!
Bisous Catherine